samedi 9 juillet 2016

Kyoku & Ame: Les papillons du bonheur

Ame jouait à l'avant de la petite maison. Il courait dans tous les sens en riant. Kyoku le surveillait, assis sous le porche, un genou replié vers lui. Il appela son petit frère. L'enfant s'arrêta et tourna la tête vers Kyoku avant de se diriger vers lui et s'asseoir à ses côtés.
- Quoi? demanda Ame.
- Je voudrais te raconter une histoire..., répondit Kyoku.
Ame s'assit en indien, qui était la position qu'il prenait souvent quand il était attentif. Il regarda son grand frère en patientant. Kyoku laissa planer un moment de silence, réfléchissant à la manière de commencer. Il prit une grande inspiration.
- Il existe des milliards d'histoires..., commença-t-il enfin, mais je veux te raconter celle d'un jeune marchand. «L'histoire d'un jeune marchand?» me demanderas-tu. Oui, c'est bien cela que je vais te raconter. Même derrière ce qui semble le plus banal peuvent se cacher les vérités de la vie... Ce jeune marchand trouva l'amour auprès d'une jeune femme de son faible rang. Ensemble, ils eurent deux enfants. Deux garçons. Tout était bien, jusque-là. Mais des gens disaient au marchand que sa famille et lui ne seraient jamais heureux et qu'ils n'auraient jamais une belle vie s'il ne ramenait pas plus d'argent que ça chez lui. Ces paroles hantèrent le pauvre marchand. Il aimait sa famille et ne la voulait pas malheureuse. Ce fut pour cette raison qu'il se mit à la recherche d'un moyen d'avoir plus d'argent. Après quelques jours, il tomba sur l'affiche d'un équipage à la recherche de matelots. Ce qui l'intéressa, ce fut en voyant l'argent qu'il y gagnerait. Ce n'était pas la plus grosse somme que l'on puisse trouver, mais c'était déjà plus que ce qu'il gagnait en tant que marchand. Il s'y engagea donc. Et pour cela, il devait quitter sa petite famille. Le marchand fit trois voyages en bateau. Au bout du troisième, sur le chemin du retour, une tempête frappa les mers sur lesquelles ils naviguaient. L'homme y laissa sa vie, mourant en laissant couler une larme et pensant une dernière fois à sa femme et ses deux enfants, que plus jamais il ne reverrait. Sur la terre ferme, dans la famille du marchand, quelques jours après son dernier départ, la mère des enfants était morte d'une maladie qui s'était rapidement déclarée et dont on n'avait rien pu faire. Le plus jeune était lui aussi gravement tombé malade, mais n'était pas encore mort et son grand frère s'occupait de lui du mieux qu'il le pouvait.
Kyoku marqua une pause. Ame regardait son grand frère avec les larmes aux yeux en écoutant cette histoire. Le plus vieux avait les yeux rivés devant lui. Il continua:
- Le plus vieux des enfants avait une rage noire contre son père pour les avoir abandonnés. Mais ce que l'enfant ne savait pas, c'était que le père avait fait ça pour les rendre heureux, leur offrir une vie meilleure. Mais ce que le père ne savait pas, c'était qu'il n'avait pas compris la vérité du bonheur. Il aurait dû rester avec sa femme et ses enfants. Parce que le bonheur n'est pas lié à l'argent et aux richesses, mais à chaque petite chose qui passe, tel un papillon, à qui arrive à l'attraper l'obtient. Mais un papillon est fragile. Il suffit d'une nuit trop froide et ses ailes se briseront et on le perdra. Il faut savoir profiter de ce que l'on a encore, ne pas regretter éternellement ce que l'on a eu et ne pas toujours jalouser chaque personne qui a plus que toi. Parce qu'il a peut-être bien plus que toi, des richesses par millier, mais n'a peut-être pas une chose; le bonheur.
- Donc il faut profiter de tout ce que l'on a? questionna Ame.
- Oui.
- Nous, qu'est-ce qu'on a?
- Je t'ai toi et tu m'as moi. Et nous avons chacun la chance d'être en vie. Et nous avons le bonheur.
Ame serra Kyoku dans ses bras.
- Je t'aime, grand frère...
Le plus vieux sourit et rendit l'étreinte de son petit frère. Il lui passa une main dans les cheveux en lui disant doucement:
- Je t'aime aussi, Ame...
Lorsqu'ils se lâchèrent après quelques minutes, Ame retourna s'amuser et alla voir s'il trouvait des papillons dans les alentours de la maison. Un petit sourire en coin, Kyoku le suivait du regard. Il avait les mêmes yeux verts que cet homme ayant perdu le bonheur. Il avait les mêmes yeux que son père.

2 commentaires:

  1. Super le texte! Très inspirant et touchant. J'en veux plus!!!

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  2. Merci. Pour l'instant, je n'ai pas d'idée de texte pour Kyoku et Ame, mais ça devrait venir!

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